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L'erreur est humaine

Samedi dernier, c'étaient les funérailles de mon oncle, pour lesquelles j'ai accompagné notre chorale et j'ai joué une pièce en solo. J'ai pris cette décision en toute connaissance de cause: jouer de la musique pour un proche lors de ses obsèques peut parfois jouer des tours... surtout lorsque les émotions embarquent !

Le service religieux terminé, je m'empresse de ranger mon matériel et rejoindre ma famille, recueillie, à l'extérieur. J'entre, malgré moi, entre deux ou trois conversations dont le sujet principal est le choix des chants et leur exécution, teintés par leurs goûts et leurs critiques personnels.

De nature réservée, je comprends que les gens ne savent pas vraiment l'importance de mon implication assidue dans la chorale depuis plus de six ans. Je comprends qu'ils ne font pas le lien entre le sujet de leur conversation et ma présence à leurs côtés. Je dois avouer que certains commentaires m'ont froissée.

Comme vous le savez, au Québec, nos églises sont en voie de disparition. La relève se laisse désirer. Ce phénomène «d’usure» se fait ressentir également dans notre chorale d'église. Nos choristes retraités se relèvent d'une pneumonie, certains ont mal aux os, d'autres doivent vivre avec le décès de proches connaissances, des gens qu'ils ont côtoyés, d'autres ne voient plus grand-chose ou leur dentier aurait besoin d'un ajustement, d'autres sont tracassés par des soucis familiaux, d'autres voyagent beaucoup pour visiter leur famille, d'autres ont eu de la difficulté à dormir la nuit, parce qu'ils souhaitent tellement offrir à la famille des funérailles dignes des films hollywoodiens!... Ils étaient là, malgré tout ça, parce que le cœur y était, parce que malgré les tracas et les problèmes de santé, ils ADORENT chanter pour la famille et pour les gens qui se présentent aux cérémonies. Grande est la force de leur goût pour partager de la musique de qualité, en l’exécutant.

C’est spécialement vrai pour la directrice de chorale qui a à cœur un travail bien fait. Elle s'assure que tous les choristes chantent ensemble, tout en lisant les notes et les mots de la partition.

Et que dire de l'organiste ? En fait, il en va de même pour moi. Saviez-vous qu'un orgue présente plusieurs claviers ? Il peut en avoir seulement un, mais dans nos églises du coin, on en trouve deux pour la plupart. L'organiste, elle, en plus de jouer les notes sur la partition qu’elle lit et qui peut être parfois très complexe, doit coordonner ses mains avec les notes qu'elle voit sur la partition, faire la même chose avec ses pieds, parce que, oui, un organiste joue également avec ses pieds, au besoin elle s’occupe des tirettes manuelles des différents «jeux» de l’instrument ; et elle fait tout ça en suivant la chef de chorale qui donne le rythme et dirige les interventions de l’organiste. Il suffit parfois d'un seul bref instant pour désynchroniser l'ensemble en entier: chorale, direction et orgue.

Les chants de funérailles, nous les répétons régulièrement. Mais quand s’annonce une célébration, nous n’avons inévitablement qu’un court délai pour nos répétitions. Parmi les nombreux chants de notre répertoire, certains sont parfois mis aux oubliettes pendant des durées indéterminées parce que, dans mes deux chorales, nous laissons la possibilité à la famille et aux proches du défunt de choisir les chants qu'ils préfèrent.

Tous ces éléments mis ensemble font en sorte que, oui, parfois, il survient des erreurs. Nous ne sommes malheureusement pas un CD qu'on peut faire jouer en boucle indéfiniment et quand on en a besoin. Nous sommes tous humains, imparfaits. Nous faisons de notre mieux, selon les circonstances !

J'ai beaucoup de respect pour ceux qui ont assez confiance en eux pour voir la vie dans un positif tout en clarté, considérant qu'à côté, quelqu’un d’autre la voit dans le négatif du sombre ou du noir, et que son opinion ne vous dérange pas du tout. Personnellement, je préfère prendre le tout avec les infinies nuances de gris !

J'espère que, par ce texte, j'ai pu vous éclairer un peu sur la complexité de mon travail d'organiste et du chant choral.

Catherine Labbé, organiste

Révision du texte: Antidote et René Minot

 
 
 

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